Les vautours de Rémuzat

En décembre 2015, j'ai vu sur le site de Denis Girard, deux très belles séries de photos de vautours fauves, réalisées dans la Drôme. Même si aucun vautour n'est aussi majestueux que le gypaète, j'ai eu envie d'aller voir ces grands planeurs.

Je me suis renseigné, et j'ai appris qu'ils ont été réintroduits dans les falaises qui dominent le village de Rémuzat (dans les gorges de l'Eygues), en 1996, et que la colonie compte aujourd'hui 150 couples. De quoi assurer (théoriquement) un bon gros paquet d'images !

 

Les chiffres:

J'ai fait deux séances photos réparties sur deux jours.

 

- le 22 octobre de 16h jusqu'à 17h45 (heure d'été !), "seul", depuis différents points tout au long de la crête qui domine le "Rocher de la Lauze" (300 m de long), en descendant progressivement depuis la croix jusqu'au point 716 m. C'était un samedi et j'étais très loin d'être le seul photographe !

A partir de 17h15 - 17h20, le soleil se cache et les images deviennent plus sombres, moins contrastées, l'autofocus n'accroche plus aussi bien les oiseaux qui filent toujours assez vite, mais c'est malgré tout pendant cette période entre 17h20 et 17h40 que j'ai réalisé mes images préférées. J'ajoute qu'à partir de 17h environ je me suis retrouvé absolument seul sur le site, tous les autres photographes étaient partis.

 

- le 24 octobre de 15h à 17h, accompagné de Véronique et la Truffe. Nous nous sommes posés près du point 716 m et nous n'avons pas bougé. Deux ou trois autres photographes étaient présents sur le site.

 

J'ai ramené environ 700 photos (en ayant supprimé presque toutes les images floues ou trop mal cadrées). J'en ai sélectionné 122, que j'ai réparties en 8 séries. ATTENTION: dans la 5ème série j'ai regroupé les photos d'oiseaux qui visiblement venaient de se remplir la panse. Certains sont encore propres, mais d'autres ont la tête et le coup bien rouge. Aussi, si vous n'avez pas envie d'expliquer à vos enfants comment mangent les vautours ... laissez tomber la 5ème série !

Si vous êtes pressés, allez directement aux plus belles photos, à partir de la 6ème série (les gros plans).

 

Le site se prête très bien à des séances de fin de journée: les oiseaux prennent la lumière du soleil couchant, et ils sont toujours assez nombreux à tourner autour de la falaise où ils viennent passer la nuit. J'ai eu l'impression qu'ils étaient beaucoup moins nombreux le matin, même entre 10h et midi (horaire où ils sont censés pomper dans les thermiques pour prendre de l'altitude).

Cependant, il y a sans doute un moment très sympa à passer le matin en haut de la falaise: j'ai lu quelque part que le matin, avant de décoller, les vautours se nettoient les plumes, arrachant un peu de duvet. Sur la crête, on peut donc voir quelques petites plumettes blanches monter dans les premiers thermiques, annonçant le décollage et le passage des vautours.

 

Quand chez moi, en Hte Savoie, il faut aller en montagne et patienter longtemps, parfois toute une journée avant d'avoir la chance de voir passer un gypaète (mon observation "record": 3 minutes, avec un passage à moins de 50 mètres), ici il suffit de marcher 15-20 minutes en faux-plat pour aller s'asseoir au bord de la falaise, et observer le spectacle, quasi ininterrompu pendant plusieurs heures. Parfois trois vautours peuvent se suivre et passer l'un après l'autre devant le photographe complètement désemparé qui ne sait plus où donner de l'objectif !!

Bref, Rémuzat c'est vraiment de la photo "facile" et pas fatigante ! Il semble d'ailleurs que le spot soit connu dans toute l'Europe.

 

En guise d'amuse-gueule, voici une trentaine de photos assez banales et "classiques" de Gyps Fulvus, le vautour fauve.

Comme le gypaète, le vautour fauve (en vol) n'est pas craintif et il se montre très attentif à ce qui se passe tout autour de lui. Il jette souvent un regard aux gros téléobjectifs qui le mitraillent et il garde aussi toujours un œil sur ses congénères qui volent autour ou au-dessus de lui.

Parfois on peut observer une attitude, un comportement un peu particulier: vol plané avec le train d'atterrissage sorti, avec une plume dans le bec, avec le cou tendu et tête haute. J'en ai même vu un qui se grattait la tête avec une patte, en plein vol !!

En fin d'après-midi, les vautours vont et viennent, il se posent sur les vires et petites terrasses de la falaise, décollent, s'éloignent, reviennent ... Les phases d'approche avant l'atterrissage donnent parfois l'impression de voir arriver de gros avions (de vieux bombardiers ?), lourds, patauds et peu précis: ils commencent par bien s'éloigner de la falaise, ils vont en face pour effectuer un demi-tour, encore assez haut, puis ils viennent droit sur la falaise, tout en perdant rapidement de l'altitude, pas en piqué mais plutôt en "feuille morte", train sorti, et en corrigeant la trajectoire de temps à autre par des virages sur l'aile très marqués. Quelques mètres avant la falaise, ils redressent à fond, debout sur les freins et pattes en avant. Les manœuvres sont souvent assez spectaculaires mais pas faciles à photographier car tout ça va très vite.

La falaise des vautours domine les gorges de l'Eygues. En contrebas, il y a la rivière, et la route, c'est tout. Certaines images donnent donc l'impression que les oiseaux suivent la route, ou la rivière. En cas d'accident de la circulation, pas sûr que les pompiers soient les premiers sur les lieux !!!

Le matin, les vautours quittent leur falaise pour partir en quête de nourriture. On les voit donc partir, théoriquement, avec le ventre creux et la tête propre (à peu près).

Le soir, quand ils reviennent, certains ont le jabot plein et la tête plus ou moins rouge sang.

Voici maintenant quelques gros plans: Le bec couleur ivoire (chez les adultes), les yeux orange clair ou marron foncé (selon la luminosité ou selon les individus ?), la collerette, la voilure ... Gyps Fulvus dévoile tout son charme ... et son côté sombre après 17h30 !

Après les gros plans ... la suite logique: les très gros plans ... des vautours particulièrement curieux qui ont cru qu'ils pouvaient entrer dans le téléobjectif, à tel point qu'ils n'entrent pas tout entiers dans la photo !

PS: Les 3 premières images sont issues de la même photo que j'ai recadrée de 3 manières différentes. A noter que pour cette photo j'ai fortement dé-zoomé, jusqu'au 280 mm (alors que les autres sont prises à 350, 360, 380, et 400 mm - capteur APS-C donc valeurs à multiplier pas 1,5 pour avoir l'équivalent plein format). Je vous laisse calculer à quelle distance il m'a survolé (280 x 1,5 = 420 mm, la 1ère image de la série est à peine recadrée: 5700 x 3800 pix. au lieu de 6000 x 4000 à la sortie de l'appareil soit - 9,75 %), il devait être à moins de 8 mètres ! Si j'étais resté à 400 mm j'aurais pu cadrer serré sur le bec et les yeux !!

Enfin, voici mes préférées. Des gros plans, mais pas seulement. Surtout des images "propres", des photos de fin de journée avec peu de lumière et un arrière-plan délibérément très assombri, c'est très subjectif, c'est mon parti-pris. On peut ne pas aimer.

Écrire commentaire

Commentaires: 0

Je ne suis pas un photographe professionnel. J'ai un métier que j'exerce à temps complet. Je suis simplement un "photographe randonneur" passionné de montagne et de nature, la photographie est un loisir que je pratique pendant mon temps libre, en pur amateur. Photographier des animaux sauvages exige de passer beaucoup de temps sur le terrain.

 

Néanmoins je me ferai un plaisir de répondre à vos questions et à vos demandes aussi rapidement que je le pourrai. N'hésitez pas à me contacter:

 

lemonde.denhaut@mail.fr

Les photos et les textes présentés sur ce site ne sont pas libres de droit. Leur reproduction sans autorisation écrite de leur auteur est interdite, quel que soit le support. Merci de respecter la passion de l'auteur, le temps passé sur le terrain, les heures de marche, le temps passé devant l'écran et l'investissement dans le matériel.