Le brame, façon 2017 !

De la pluie, du froid, de la neige, du vent. C'est la météo que nous avons eue depuis le début du mois. Je ne suis pas resté tout à fait inactif: j'ai fait le sherpa pour monter plusieurs filets de camouflage sur mon "coin à cerfs", j'ai installé une bâche pour affûter sur une ligne de crête, bâche qui a été un peu déchirée par un coup de foehn. Un peu de boulot donc, des allers-retours en montagne, mais peu d'images. Quelques paysages réalisés à l'aube, un faucon crécerelle qui fait du sur-place (comme d'habitude) et un traquet motteux posé sur un rocher. Attention, sur les photos du traquet motteux (sur fond gris foncé), on voit nettement quelques points blancs: ce ne sont pas des grains de poussière posés sur le capteur ou sur le miroir de l'appareil photo, ce sont des giboulées, hé oui, des flocons de neige à 2000 m le 17 septembre. C'est vrai, la neige s'invite toujours un jour ou deux en septembre, mais cette année il a fait vraiment froid (grosse doudoune, gants et bonnet, habillé comme en hiver), et pendant plusieurs jours.

PAYSAGES

FAUCON CRÉCERELLE ET TRAQUET MOTTEUX

Et nous voilà aux environs du 20 septembre. Je scrute le ciel, et le blog du compère Lionel Tassan. Lui aussi est "au taquet" avec les cerfs.

Pour moi, c'est décidé, cette année je change de méthode. L'an dernier je me levais à 2 heures du matin pour arriver sur place à l'aube. Mais les cerfs me repéraient et je les dérangeais. Ils se réfugiaient dans la forêt où il est impossible de les approcher. En milieu d'après midi, exténué, je prenais le chemin du retour. Hormis UN coup de chance, je suis souvent rentré avec des images trop lointaines et trop moyennes. J'avais tout faux. Très mauvais timing.

Désormais, à moi les grasses matinées ! Je pars entre midi et 13 heures, pour arriver sur place entre 15 et 16 heures, j'enfile ma tenue de camouflage (une ghillie), je m'assois au milieu des myrtilliers, et je ne bouge plus. J'attends. Patiemment. En fin de journée, à partir de 18h20, 18h30, ils sortent du bois et remontent dans les alpages. Biches, faons, daguets, cerfs adultes, tous viennent à découvert. Il n'y a plus qu'à cadrer et déclencher. Au lieu de m'épuiser à cavaler toute la journée pour sortir des images très moyennes, je me repose, je les laisse venir, et en terrain découvert, les images sont bien plus belles. Et ce sera encore mieux quand la végétation sera teintée d'or et de cuivre. Le seul inconvénient, c'est le retour qui s'effectue de nuit. Mais grâce au kit d'éclairage acheté chez K-Lamp (dans le 64 !!), aucun problème, j'éclaire toute la montagne !!

Concrètement, dans les faits, je suis monté samedi 23 septembre, avec un duvet, pour passer la nuit. Samedi soir, je me suis posté un peu trop haut et les images souffrent d'une visée en plongée. Dimanche matin une biche m'a offert un joli cliché. Et dimanche soir j'ai corrigé ma position, je suis descendu 25 m plus bas, et j'ai pu réussir quelques jolies images.

1- Samedi, 18h20: une petite troupe de biches arrive dans la clairière qui se trouve à mes pieds. Quinze minutes après, un cerf débarque et adopte un comportement de "chien de berger": il tente de grouper les biches (y compris un faon), il fait même demi-tour pour aller chercher une biche qui était restée en arrière. Pas de photo "whaou" mais une scène intéressante à observer.

2-  Juste après la dernière image de cette série, je vois un arbuste (le seul dont les feuilles sont complètement jaunes) qui se met à danser. Il est secoué dans tous les sens. Visiblement, il y en a un que je n'ai pas vu venir, et qui semble bien énervé ! C'est un douze-cors (ou onze). Pendant que je le suis dans le viseur, le "chien de berger" s'éclipse discrètement, en tous cas c'est que j'imagine, car quelques secondes après, je ne le vois plus, il a subitement disparu. Le patron est là. Un ou deux raires ont suffit à marquer sa suprématie. Quelques jolies images, malgré la vue en plongée.

3- La place se vide, mais pas pour longtemps. Un quart d'heure plus tard, un cerf plus jeune, moins massif, pointe le bout de ses bois. J'ai compté environ 8 cors. Il se promène un peu, semble me dévisager, puis s'en va. Il est suivi par un chamois, une mère avec son jeune. Petit à petit le jour cède du terrain à la nuit. Un daguet a traversé le torrent qu'il remonte lentement. Il s'approche, jusqu'à environ 60 m. Dans l'obscurité je le distingue à peine, mais la technologie permet de réaliser encore quelques photos "présentables".

4- Maintenant, il fait nuit. Je fais mon lit au milieu des myrtilliers: les filets de camouflage servent de matelas sur lequel j'étends mon petit duvet. Les pieds au chaud, je déguste un bout de pain accompagné de viande séchée et de fromage. Sous le croissant de lune, les cerfs brament dans la montagne.

Au matin, c'est une biche qui m'offre LA photo. Je n'ai cadré que la biche, mais elle était accompagnée de son faon.

Pendant la matinée, j'ai tenté une nouvelle fois de m'approcher de la souille que je connais, dans la forêt. Elle est occupée par un cerf qui brame à tue-tête, et quelques biches. Je connais les lieux sur le bout des orteils. J'ai mes repères, le torrent, je sais quelle distance me sépare de leur clairière, le vent est dans le bon sens. Je sais que je suis déjà bien trop près, moins de 50 m, mais je ne peux pas les voir, la forêt est trop dense, les arbres n'ont pas encore perdu leurs feuilles. Je me hisse sur la pointe des pieds, et soudain, entre deux branches, une tête apparaît. Une biche. C'est la sentinelle, et elle regarde dans ma direction. Je fais le musée Grévin, mais elle ne me lâche pas du regard. Intriguée par son comportement, une deuxième biche vient aussi lorgner dans ma direction. Un "aboiement" et elles me tournent le dos, toute la troupe s'en va. L'expérience confirme mon sentiment: même en connaissant parfaitement le secteur, l'approche en forêt en pleine journée est impossible.

Je retourne donc m'asseoir près de l'endroit où je me tenais hier soir, mais un peu plus bas, pour éviter la visée en plongée. Il est midi. Sandwich. Sieste.

17h30: un cerf arrive dans la clairière, laboure de ses sabots le fond d'une souille, en faisant gicler l'eau. L'image est sympa mais la lumière est encore trop dure, le soleil est trop haut. C'est à partir de 18h50 que la scène va s'animer. Une troupe de biches cavale dans les rochers, dans ma direction, suivies par un daguet. Un cerf apparaît. Cette fois, c'est lui qui se trouve au-dessus de moi, et les photos sont plus jolies, sans toutefois que je puisse réaliser LE tableau classique du cerf avec la tête haute, dominant le monde du haut de son rocher.

5- Dernier épisode: j'y suis retourné mardi. 16h30 je suis sur place, bien déguisé en buisson ! Aux jumelles je repère quelques cerfs, très éloignés. Je sais qu'il faut attendre. Et cette fois, ils mettront ma patience à rude épreuve. Je m'étais fixé un horaire de départ à 19h20. Le premier arrivera quelques minutes avant 19h. Et celui-là, c'est un sacré numéro ! Je l'appellerai "Maryline", vous verrez pourquoi ! Mais Maryline n'est pas seul. Sur la même trajectoire (en haut), un plutôt jeune cerf s'approche, et dans la clairière du bas, un troisième (11 cors), à moins que ce ne soit "Maryline" débarrassée de sa perruque ?? Je ne peux pas les observer tous en même temps, et je risque de louper des scènes ou des postures intéressantes.

Enfin bon, au final, en quelques minutes j'obtiendrai une image assez proche du tableau évoqué plus haut. Vingt minutes plus tard, à 19h27, alors que je suis remonté à mon poste haut (la où je range mon camouflage) et que j'ai rangé l'appareil dans le sac, le 11 cors descend dans ma direction en s'approchant fort près (20-25 mètres) ... pour disparaître sous les vernes qui forment une sorte de tunnel au-dessus du torrent. J'observe, j'écoute ... pas une branche ne bouge, pas un bruit. Puis il finit par réapparaître sur l'autre rive du torrent (c'est à dire sur MA rive), et s'éloigne vers le haut. En fait il venait simplement utiliser un passage (ce que j'appelle une "autoroute à cerfs") pour traverser les vernes et le torrent.

Donc encore une assez longue attente récompensée par une grosse émotion, quelques belles images, et ... un retour nocturne et sous la pluie, mais avec la banane !

Pour résumer, voici un petit condensé des images les plus réussies pendant ces trois jours:

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