Cerfs et biches dans la neige, mais ...

... mais tout n'apparaît pas sur les images, tout n'entre pas dans l'appareil photo. Certes, si je me trimbale un sac de 10 ou 12 kg, hors sentier, dans la forêt, dans la neige, dans des pentes parfois raides, c'est surtout pour tenter de ramener des photos. Mais une grande partie des souvenirs que je ramène ne sont pas sur la carte mémoire de l'appareil, ils sont dans ma tête, et ce ne sont pas des "souvenirs d'affût", ce sont des "souvenirs de chemin":

C'est par exemple, en fin de journée, ce lièvre (un lièvre commun, pas un lièvre variable), pris dans le faisceau de mes deux lampes, et qui a cavalé devant mon VTT, à la descente, pendant ... peut-être 500 m. Après deux lignes droites sur ses talons, j'ai stoppé, pour le laisser s'enfuir tranquillement ou au moins le laisser prendre de l'avance. Il s'est arrêté lui aussi, au milieu du chemin, s'est assis et m'a regardé, en ayant l'air de dire "Alors la tortue, déjà fatiguée ??". Nous avons donc continué la descente, lui devant, visiblement sur un rythme "de croisière" me laissant croire que je pourrais le doubler, mais lorsque je suis arrivé presque à sa hauteur, il a accéléré, et à la sortie de la forêt, il a quitté le chemin pour filer dans le pré.

Plus récemment, c'est avec Lionel Hausseguy, (cheveux longs et petites lunettes rondes), accompagné d'un ami, que j'ai partagé un bout de chemin.

 

Enfin, beaucoup moins rigolo, c'était hier samedi (-7° au parking à 1150 m d'altitude et à 7h30): exceptionnellement (et peut-être même pour la toute première fois), j'étais parti sans appareil photo, seulement avec une paire de jumelles et une doudoune légère dans le sac (+ gants et bonnet). Comme à chaque fois depuis l'ouverture de la chasse, je suis allé dans une "réserve de chasse et de faune sauvage = chasse interdite". Je viens de vérifier sur la carte disponible ici, mise à jour le 22/08/2018: je me trouvais absolument et sans aucun doute ni discussion possible, à l'intérieur du périmètre de la réserve. J'étais dans la forêt, en train de chausser mes petits "crampons forestiers" (à cause de 10 cm de neige au sol) lorsqu'un chien s'est mis à aboyer, près du hameau situé à 400 ou 500 mètres en contrebas, sur ma gauche. J'avais déjà entendu un ou deux coups de fusil, qui avaient claqué sur la montagne d'en face (donc hors de la réserve). Rapidement, les aboiements se sont déplacés, de la gauche vers la droite, puis ils se sont rapprochés. Clairement, le chien suivait le chemin que je venais de parcourir. Sur ce chemin, 50 mètres en dessous de moi, sont arrivés une biche et son jeune, au trot, voir à une allure de "trot accéléré". Ils ont marqué un arrêt de 3 secondes et la biche a bifurqué pour prendre la sente dans la forêt et monter ainsi droit sur moi !! J'étais debout, jumelles en mains, et totalement éberlué. Ils m'ont vu bien sûr, mais n'ont absolument pas tenu compte de ma présence, ils sont passés à moins de 10 mètres de moi (peut-être à 5 ou 6 mètres). Moins d'une minute après, le chien est arrivé, portant collier de chasse avec un numéro de téléphone, et collier GPS avec émetteur (avec une antenne de 20 cm). J'ai tenté de le bloquer, sans succès, je lui ai seulement fait perdre une petite vingtaine de secondes. Et me voici donc parti sur les traces de la biche et du chien. Je précise que ce secteur de la forêt est truffé (ou bien "farci") de traces de cervidés en tous sens. J'ai compris que la biche était certainement allée trouver refuge dans une zone plus raide et bien enneigée, relativement proche. Rapidement le chien a cessé d'aboyer. Je suivais une trace bien marquée, dans une pente bien praticable, lorsque le chien m'a doublé en passant quasiment entre mes jambes ! A partir de là, je l'ai vu zigzaguer à droite et à gauche, visiblement il avait perdu la piste. J'ai tenté une fois ou deux de l'attirer à moi, mais je n'avais ni sandwich ni croquettes, pas de saucisson, pas de jambon, pas de fromage, rien !! Suivant toujours mon "autoroute à cerfs" (tracée maintenant dans 20 cm de neige), j'ai fini par rattraper le chien (une petite chienne en fait), toute grelottante contre le tronc d'un épicéa, la barbiche prise dans des catons de neige. Cette fois, elle s'est laissée approcher par Tonton Cyril !!! Après avoir tenté (en vain) de la mettre dans le sac à dos, j'ai bricolé une laisse avec la lanière de mes jumelles et la dragonne d'un de mes bâtons ... et puis retour au parking, et direction la gendarmerie.

J'ai entendu la discussion téléphonique entre le gendarme et le propriétaire de la petite chienne: le chasseur savait parfaitement où se trouvait sa chienne !

Hier c'était le 15 décembre. Depuis plusieurs jours les températures sont négatives et la neige recouvre le sol. Les animaux doivent lutter contre le froid, et gratter la neige pour se nourrir d'une maigre végétation, la neige rend leurs déplacements plus difficiles. Ils sont maintenant clairement dans une période où ils doivent lutter chaque jour pour leur survie. Et maintenant, voilà que des chiens de chasse viennent leur courir après dans un secteur qui théoriquement a été défini par la préfecture (en accord avec les associations de chasse j'imagine) comme une zone refuge pour la faune !!

Bon, sinon, j'ai tout de même fait quelques photos, mardi dernier (le jour où j'ai rencontré Lionel Hausseguy). Le week-end précédent, j'avais laissé mon trépied et mon filet de camouflage dans la forêt à 1800 m environ (je n'avais pas du tout anticipé les chutes de neige), et je devais donc aller les récupérer. A ma grande surprise, j'ai trouvé une harde de biches avec "leur" cerf, à la même altitude, qui prenaient le soleil (qui passait très bien au travers de quelques petits nuages de brume) sur une croupe un peu déneigée par le vent.

Je suis donc resté 32 minutes couché dans la neige (sans tapis de sol ni doudoune !) sous un épicéa (donc à l'ombre), à attendre une scène ou des postures, des positions intéressantes). Distance entre eux et moi: 200 mètres. Après ces 32 minutes, mes capacités de résistance au froid étaient épuisées et j'ai dû m'en aller !!

Juste avant cette scène avec les biches et le cerf: une photo prise "par un trou de serrure" (c'est à dire entre les branches d'un épicéa): deux chamois très occupés à re-peupler la montagne, et pas gênés le moins du monde par les deux biches juste au-dessus d'eux !!

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